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-
- Loin
d'être hors contrôle, le concept de cybernétique
se régule en France dans un
domaine non centralisé
mais distribué en réseau :
- Information,
Systémique et Cybernétique.
- Par
Patrick Saint-Jean .
.
pstjean@ens-cachan.fr
Maître de conférence à l'École Normale Supérieure de Cachan,
France.
Président de Paris ACM SIGGRAPH Professional Chapter.
Membre de l'ASTI (Sciences et Technologies de l'Information).
MARS 2003.
-
- Pris
dans sa composante temporelle, le mouvement cybernétique est à son
image : un processus à la fois harmonique qui resurgit régulièrement,
et impulsionel non linéaire par les effets qu'il engendre, dans les
oppositions qu'il rencontre, et dans la naissance d'autres concepts qu'il
impulse. Pris dans son étendue, le mouvement cybernétique interagit avec
un grand nombre d'autres mouvements systémiques et mathématiques,
industriels et d'ingénierie.
- Le
concept de cybernétique est donc un concept cybernétique, donc pas
seulement calculé, logique, causal et raisonné mais également
intelligent, évolutif, et vivant dans un environnement actif.
-
- La
Cybernétique : une discipline ?
Analysée comme une discipline unique, la Cybernétique
englobant les autres disciplines ne pouvait pas avoir d'existence réelle
en France. Pour mieux comprendre sa présence, il est recommandé de
garder à l'esprit que la transmission de l'information n'est pas qu'un
transfert par flux codé canalisé voir traduit par transcodage ou
transcription pour des besoins de commandement, d'ordre (gradient,
treillis, arborescence) ou d'uniformisation (classe d'équivalence), mais
bien un processus de l'information faisant intervenir de la
diffusion, de la dispersion, de la diffraction avec interférences
multiples, où tout phénomène de transformation, d'induction, de
mutuelle, de transduction, d'influence voir d'inertie et même de
percolation ou d'interaction et d'inter-réaction, est possible. En deux
mots à la fois physique et humain.
-
- Et,
analysée dans la dualité du système de transmission de la connaissance
cybernétique, dans un milieu beaucoup plus complexe (et peut être tout
aussi cybernétique), qu'est son environnement universitaire, économique
et social, l'évolution de la Cybernétique prend sa place non pas
seulement que dans l'histoire, dans l'utilisation de son image marketing,
et dans la libre communication de l'information (accès aux publications
et colloques européens et internationaux, souvent IEEE et ACM), mais également
dans la réflexion et l'application sur un plan nationale.
-
- Mais
où est donc la cybernétique en France ?
La France a connu l'impact de l'arrivée du concept et
l'influence du mouvement cybernétique avec un décalage de 3 à 5 ans, lié
au retard du développement de l'informatique française. Ce qui a permis
un temps de réflexion pour réfléchir à son intégration dans les problématiques
de recherche et développement. Dans les années 60, des écoles
d'ingénieur comme l'INRIA (Institut National de la Rechercher
Informatique et Automatique) ou
- l'ESIEA(École.Supérieure.d'Informatique
-Électronique- Automatique, créée en 58 par M. Lafargue en
liaison avec Stanford) ont très vite implanté les notions de système,
d'ingénieur système lié à la cybernétique, ainsi que des grandes
écoles comme Polytechnique et Supélec. À l'heure actuelle, la France
dans un contexte national mais également européen et international, n'a
pas exclue la cybernétique en soi, où au moins sa présence dans les
congrès est constante à travers les publications étrangères, et où
une ré-appropriation s'est effectuée dès les années 70.
-
- Certes
au départ dans les années 60's, naissant d'une confrontation des
mathématiques, de la physique, de l'électronique, de l'automatique et de
l'informatique appliquées à l'industrie, la cybernétique va prendre
son essor et faire ces preuves, à la fois avec les ordinateurs "main-frame"
dans les Centres de calcul, avec l'usage du travail en batch à partir de
boîtes de cartes perforées en entrée, et des listings, des tableaux de
chiffres ou graphiques en sortie, et sur le terrain des applications (le
spatial, la navigation sous marine, l'avionique, le nucléaire, les fours
et fourneaux industriels et les centrales de production), où la commande
et la régulation analogiques et électromagnétique sont encore très présentes
avant la commande numérique. L'informatique de l'époque ne résolvant
pas toutes les problématiques, les modèles théoriques plus abstraits et
plus généraux vont s'accroître. Très vite dans les années 70's
l'arrivée de la mini-informatique (Honeywell-Bull, DEC, HP,
InterTechnique, Télémécanique) dans les laboratoires et même certaines
écoles, va permettre des entrées-sorties temps-réel (capteur-effecteur,
caméra-outil robotisé). Et l'arrivée de la micro-informatique des années
80, va démultiplier les problématiques, les expérimentations et les
applications tant dans l'aspect industriel qu'économique et sociale.
- Certaines
entités n'ont pas hésité à intégrer le vocable Cybernétique dans
leur dénomination, comme l'IRCCyN (Institut de Recherche en
Communications et Cybernétique de Nantes, http://www.irccyn.ec-nantes.fr/),
créé en 1998, qui situe clairement la Cybernétique dans son identité,
et anciennement l'AFCET, société savante française créée en 1970,
constituée au départ sous le nom de "Association Française de
Cybernétique Et Techniques", qui ne déclinera plus son sigle
jusqu'à sa disparition, le terme n'étant plus considéré comme
significatif. Mais en général, la Cybernétique n'apparaît qu'à l'intérieur
de cours, par exemple à Strasbourg : École doctorale en Sciences Pour
l'Ingénieur, Rentrée 2002, Photonique, Image et Cybernétique (http://www-edspi.u-strasbg.fr/sujets02_03Phot_Imag.html)
; ou sera sous-entendu dans l'enseignement et la recherche, comme
historiquement à l'INRIA, créé en 1967 à Rocquencourt près de Paris,
établissement public à caractère scientifique et technologique placé
sous la double tutelle du ministère de la recherche et du ministère de
l'économie, des finances et de l'industrie (http://www.inria.fr/),
mais dont l'ambition maintenant est d'être au plan mondial un institut de
recherche au cœur de la société de l'information ; et comme l'équipe
Neurocybernétique dans l'Equipes Traitement des Images et du Signal
de l'École nationale supérieure de l'électronique et de ses
applications (ENSEA), où : "Les activités de recherche dans cet axe
visent à comprendre les mécanismes mis en jeu lorsqu'un animal apprend
à survivre dans son environnement et à les appliquer sur des robots
autonomes en utilisant la vision comme source principale d'information.
Ceci nous conduit à adopter une approche résolument non supervisée des
réseaux de neurones et à ne considérer que des algorithmes dont les
phases d'apprentissage et d'utilisation ne sont pas séparées." (http://www-etis.ensea.fr/%7Eneurocyber/G_neurocyber.html).
- L'IRCCyN
(UMR CNRS 6597) est une unité mixte de recherche du Centre National de
la Recherche Scientifique (CNRS), rattaché au Département
Sciences et Technologies de l'Information et de la Communication (STIC).
Cet institut compte en 2003 environ 190 personnes, dont 89 chercheurs et
enseignants chercheurs, 82 doctorants et 18 ingénieurs, techniciens et
administratifs. Cet institut est aussi soutenu par les collectivités
locales et régionales du fait de sa vocation à fédérer les activités
nantaises de recherche relatives à l'étude des mécanismes de
communication et de contrôle dans les machines, les systèmes
organisationnels et les êtres vivants (cybernétique). La recherche à l'IRCCYN
n’est pas seulement spéculative pour la production de connaissances
nouvelles, mais elle est en grande partie de nature technologique, en ce
sens qu'elle concerne le développement d'outils et de méthodologies
capables d'apporter des solutions à des problèmes concrets issus du
tissus industriel ou socio-économique. Les recherches et les actions de
valorisation qui y sont développées couvrent un domaine scientifique très
large, englobant : l'automatique, le traitement du signal, des images
et des signaux radars, la robotique, la productique, la conception mécanique
assistée par ordinateur, les systèmes temps réels, la logistique et la
recherche opérationnelle, les télécommunications la modélisation électromagnétique,
la prise en compte des facteurs humains (psychologie cognitive). Ceci
en fait un des principaux laboratoires nationaux dans cette thématique.
L'IRRCYN dispose de plus de 6000m2 de locaux répartis sur les trois sites
de ses tutelles : l'École Centrale de Nantes, l'École polytechnique de
l'Université de Nantes et l'École des Mines de Nantes.
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- L'AFCET
après sa dissolution en plusieurs groupes va renaître dès 1998 dans l'ASTI,
Association Sciences et Technologies de l'Information (http://asti.asso.fr/),
regroupant et fédérant 25 associations fondatrices (près de 5000
membres) dont l'AFSCET, Association Française de Science des
Systèmes Cybernétiques, Cognitifs et Techniques, parmi les autres
comme ACM SIGGRAPH Paris : Professional and Student Chapter of the
Specific Interest Groug on GRAPHics, Adeli : Association pour la maîtrise
des systèmes d'information, Afia : Association française
d'intelligence artificielle, Afig : Association Française
d'informatique Graphique, Afihm : Association Francophone
d'Interaction Homme-Machine, Afit : Association Française
d'Informatique Théorique, AFPLC : Association Française pour la
Programmation Logique sous contraintes, Afrif : Association Française
de Reconnaissance et d'Interprétation des Formes, Ahti :
Association histoire des télécommunications et de l'informatique, AILF
: Association des Informaticiens de Langues Française, APCB :
Association de Pilotage des Conférences internationales sur B, April :
Association pour la promotion et la recherche en informatique libre, ARC
: Association pour la Recherche en Cognisciences, ASF :
ACM-Sigops-France, Astex : Association Française des utilisateurs
de TeX, Atala : Association pour le traitement automatique des
langues, Atief : Association des Technologies de l'Information pour
l'Education et la Formation, Cigref : Club informatique des grandes
entreprises françaises, ClubEEA : Club des enseignants et des
chercheurs en électronique, électrotechnique et automatique, Club de
l'Hypermonde : Lieu de réflexion sur l'interaction des technologies
de l'information et de la communication sur l'individu et la société
considérée d'un point de vue éthique, anthropologique et technique, Creis
: Centre de Coordination pour la Recherche et l'Enseignement en
Informatique et Société, EPI: Enseignement Public et Informatique, GRCE
: Groupe de Recherche en Communication Ecrite, Gretsi : Groupe
de Recherche en Traitement du Signal et de l'Image, Gutenberg :
Groupe francophone des utilisateurs de Tex, Inforsid : Informatique
des Organisations et des Systèmes d'Information et de Décision, Specif
: Société des Personnels Enseignants et Chercheurs en informatique
et avec ses Groupements de Recherche du CNRS en Sciences de l'information
: GDR ALP : Algorithmique, Langage et Programmation, GDR ARP :
Architecture et Parallélisme, GDR I3 : Information, Interaction,
Intelligence, GDR Isis : Information, Signal, Image et Vision, GDR
Automatique.
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- L'Afscet,
Association Française de Science des Systèmes Cybernétiques, Cognitifs
et Techniques, fondée récemment par les membres du comité Systémique
et cognition de l'ex-Afcet poursuit l’approfondissement de la
pratique systémique, issue de la théorie de l'information et de la
cybernétique, privilégiant l'approche transdisciplinaire. Cette
approche est devenue celle des sciences de la complexité, comme
celle des sciences de la cognition, qui figurent parmi les développements
scientifiques les plus remarquables de ce dernier quart de siècle. L’Afscet
assure la représentation de la communauté systémique française
auprès de l'Union Européenne de Systémique (UES).
-
- Out
of Control nous dit Kevin Kelly ?
Par conséquent le questionnement de Kevin Kelly,
dans "Out of Control", looking at the question "What
ever happened to cybernetics?", (http://www.kk.org/outofcontrol/ch23-a.html)
est typiquement le résultat d'un système avec boucle de rétroaction
marquant la non obtention en tant estimé ou souhaité d'une consigne par
rapport à la demande initiale bien légitime de ses chercheurs de pointe,
et due aux comportements environnementaux entachés de perturbations. Donc
il n'est pas en dehors du contrôle mais bien dans une des étapes du
contrôle, sachant que le modèle de cybernétique est également en
cours de processus d'identification tout au long de son évolution.
-
- Un
peu d'histoire en France
- Sans
faire un travail d'historien, notre étude montre les éléments d'une
histoire sans grand H, de faits révélés dans la littérature française
et l'Internet sur cette fin de millénaire qui distingue deux courants
majeurs mais pas uniques, explicatifs, ou du moins prêtant à réflexion
pour une meilleure compréhension de l'évolution du concept de Cybernétique
en France, dans laquelle l'auteur a été baigné et influencé, et a
participé modestement durant ses trente-cinq années de recherche.
- La
Cybernétique et les Nouvelles Technologies dès les années 50
- Quand
elle apparaît au grand jour, les conditions initiales ne sont pas
favorables en raison des différents courants politiques et sociaux très
marqués en France : même si la révolution industrielle montre ses
faiblesses entre les deux guerres (crise de 29, grèves de 36 présageant
l'importance de la composante humaine dans son imbrication dans la
technique du fait économique et industriel), le passage de l'électricité
à l'électromécanique et à l'électronique donne aux ingénieurs et
scientifiques des espoirs importants dans le calcul et la commande dans la
précision du pilotage des processus industriels et automatismes ; et
l'après-guerre laisse un double sentiment à la fois d'amitié
indissoluble d'un peuple américain venant libérer l'Europe d'une
dictature barbare, et de reconnaissance d'un plan Marshall qui favorisera
au départ la reconstruction, mais qui deviendra vite une forte contrainte
à la volonté de la France de mieux se développer tant dans son
industrie (pour ne pas devenir des marchands de cartons mais bien des
inventeurs, des créateurs et producteurs des nouvelles technologies) que
dans sa culture (décolonisation des années 50, effervescences
scientifique, technique, artistique et politique dès les années 60).
- *
*
- *
- Selon
le compte-rendu, rédigé par C. Hoffsaes, d'un exposé de Jérôme
Ramunni (Histoire des sciences et des techniques, http://www.asti.asso.fr/pages/groutrav/creis/Creis38.htm,
Octobre 92) :
"En cette période de haute
politisation des élites intellectuelles françaises, on réfléchissait
beaucoup aux moyens de préserver l'identité de la France (en se
préservant notamment de l'influence américaine). Deux milieux sont
favorables à la machine de Louis Couffignal, à savoir celui des
revues "Esprit" (numéro spécial 1950) et "la Pensée"
(1953).".
-
- Louis
Couffignal, 1902-1966: est considéré par certains comme le
pionnier en informatique en France (http://histm2.free.fr/H.Couffign.htm).
Depuis sa première note, en 1930, sur "la nouvelle machine à
calculer" jusqu'à son dernier ouvrage, en 1965, "La cybernétique"
en passant par "La machine à penser" en 1952, et "Les mécanismes
du raisonnement " en 1963, sans oublier ses nombreux articles dans
les revues scientifiques, mathématiques, économiques, et pédagogiques.
L'ensemble des recherches fait de lui un des co-fondateurs de
l'ordinateur et de la cybernétique. En 1938, il devient Docteur
es-sciences grâce à sa thèse "L'analyse mécanique, application
aux machines à calculer et à la mécanique céleste", qui pose les
principes du calculateur universel binaire électromécanique. En 1941,
il rencontre souvent Louis Lapicque, physiologiste, pour comparer
le système nerveux et la machine. C'est la voie qui mène à la
cybernétique. En 1946, il rencontre Norbert Wiener aux
États-Unis qui s'intéresse au rapprochement entre les comportements
finalisés de la :machine et ceux de l'animal. Wiener vient à son tour
en France pour rencontrer Louis Lapicque préoccupé par les mêmes
problèmes, et Louis Couffignal qui travaille de son côté à la
construction d'une machine à raisonner, utilisant le langage binaire.
Pour les trois hommes c'est une période d'activité scientifique intense
qui conduit, en 1948, WIENER à la publication à Paris de son ouvrage,
en anglais, "Cybernétics", considéré comme la charte de la
cybernétique.
- Le
projet de machine à calculer électronique a été soutenu par le Centre
National de la Recherche Scientifique (CNRS) et le Centre National des
Arts et Métiers (CNAM). Couffignal était au fait des projets américains
et britanniques au sujet des ordinateurs, mais il a voulu différencier
profondément son projet des leurs en rejetant le rôle de la mémoire
dans les nouvelles machines. En fait la machine de Couffignal n'a été
jamais finie et cet échec a causé des retards important au calcul
scientifique en France, tout en ayant maintenu un niveau de savoir-faire
important.
- *
*
- *
- Les
idées défendues par la revue "Esprit"
- Les
idées défendues par la revue "Esprit" mettent en avant
l'aspect neutre de la machine par rapport à ce qu'en fait l'Homme et
comme vecteur de l'évolution culturelle laissant à chacun des choix.
Mais les propos affirmés ne sont pas nuancés : "Distinction
nette entre la machine et la philosophie qui l'accompagne, danger du
prestige conféré à la machine ; la technocratie américaine est considérée
comme le véhicule d'une idéologie qui écrase l'individu ; d'où méfiance
à l'égard des Anglo-Saxons ; la cybernétique est considérée comme un
danger ; elle est une étape dans un projet venant de Leibniz, mais ce
n'est pas une étape décisive ; le facteur décisif de son développement
fut la guerre ; ce qu'apporte la cybernétique, c'est qu'elle nous permet
de réfléchir sur la science et la relation entre science et technique ; la
machine est un médiateur qui permet de remettre en valeur certains
courants culturels ; accepter une technique, c'est relever ce qui
rejoint l'évolution culturelle ; l'exposé de Guillebaud sur ce thème
passe sans transition à un appui sans critique à la machine de
Couffignal ; toute nouvelle technique nous offre un choix : il n'y a pas
de développement inéluctable d'une technique.". Propos paradoxal
quand on sait que Couffignal est né à Monflanquin (http://histm1.free.fr/),
ville du Lot et Garonne dont les recherches archéologiques prouvent la présence
romaine dans le canton au temps des Celtes Nitiobroges installés dans la
région depuis le troisième siècle avant Jésus-Christ ; fortement
romanisés au IV° siècle, la Société Nitiobroge au-dessus de la petite
patrie Bordelaise, vénère Rome qui donne au monde sa Lumière ; et dont
les textes révèlent que : "L'Humanisme classique, y compris son
dédain de la technique, s'est transmis par les Universités à
l'aristocratie Gallo-romaine ; les villes, comme Agen, sont des foyers
indispensables à la diffusion de la culture romaine ; cette culture qui
donne à tous un merveilleux instrument de communication et de
relation" (Higounet ch. "Histoire de l'Aquitaine" : édition
Privat 1971).
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- Les
idées défendues par la revue "La Pensée"
- Quant
aux idées défendues par la revue "La Pensée", toutes
aussi véhémentes, elles montrent Couffignal comme le défenseur de la
culture européenne : "Refus de la cybernétique comme science
capitaliste : hors des machines, la cybernétique est une vaste
entreprise de mystification ; Couffignal a montré qu'aux USA, les
machines souffrent de gigantisme et qu'on peut fabriquer des machines
d'une taille plus raisonnable et plus efficaces ; il faut donc refuser le
courant logiciste pour soutenir le calcul analogique, qui a une base
physique, et s'opposer à la tentative cybernéticienne qui vise à établir
la domination américaine sur la culture européenne."
- Ces
courants vont influencer dans le temps les choix de la politique française
: "Lors du lancement du plan calcul, le discours de l'UDP (union des
physiciens) fut de dire que les Américains avaient refusé à la France
un gros ordinateur pour équiper le CEA ; en réalité, les deux événements
furent rigoureusement indépendants ; l'argument servit à légitimer une
décision : il s'agissait, en pleine période de restriction économique,
de faire avaliser par le président De Gaulle, l'accord CGE-Thomson-CEA."
- "À
plusieurs reprises en France, on a observé qu'une idéologie
anti-anglo-saxonne a freiné l'intégration de nouvelles techniques au
profit de tentatives discutables comme celle de Couffignal. En Italie, on
observe moins ce phénomène de refus car l'Italie est minoritaire et
s'ouvre donc plus volontiers : langue et culture y sont plus récentes.
L'informatique a donc pénétré plus facilement. Quand on n'est pas soi-même
générateur d'une technique, celle-ci crée toujours une situation ambiguë
: Quand ferme-t-on ? Quand ouvre-t-on ? Comment reçoit-on ?"
-
- Ce
paradoxe culturel va s'exprimer fortement fin des années 60 entre différents
courants de pensée : d'une part un engouement pour la Cybernétique
allant à son paroxysme de considérer l'Homme comme une machine, ou
de découvrir la machine qui est dans l'Homme, déjà imaginée
alors que l'électricité n'était pas encore électronique (L.G. Rancoule,
1921).
- *
*
- *
- Une
volonté humaniste et un désir artistique
- Et
d'autre part une volonté humaniste, rejoignant le monde ouvrier et
annonçant ouvertement : "l'Université ne fera pas de ces étudiants
des robots mais des Hommes", et de mettre l'Homme dans la machine
; ce qui sera repris plus tard dans le Design et l'ergonomie industrielle
: vérifier que les postes de travail soient adaptés aux facultés
humaines (biomécanique, psychophysiologie de la perception, environnement
non polluant), et adapter la machine à l'Homme et non le contraire comme
Charlie Chapelin le dénonça si bien dans son film "Les temps
modernes".
- À
cette époque dans le mouvement artistique, se retrouvent d'une part les
tendances réflexives plus littéraires et plus proches des
contre-pouvoirs, spéculant sur les peurs et la condition humaine, mais
initiant plus fortement le droit à la parole des peuples, et leurs rôles
dans ces processus dits cybernétiques. Et d'autre part les tendances
créatrices, sans doute aussi critiques aux pouvoirs, voient en la
Cybernétique une solution aux crises de l'époque et marchent au
contraire à fond.
- Dans
ses musiques formelles, Iannis Xénakis met déjà l'accent sur le
changement de la société, en dénonçant "la polyphonie linéaire
comme écriture qui se détruit d'elle-même par sa complexité
actuelle" (Gravesaner Blätter, n°1, 1955), et avec un refus de la
causalité comme unique méthode d'expression de l'observation, de la
perception et de la conception (Gravesaner Blätter, n°6, 1956) :
"La nouvelle génération est autre, sans titre pour l'instant, mais
avec un visage ; les sports, la politique, l'avion, la télévision, les
servo-mécanismes et l'atome en sont des traits majeurs. La musique doit
exprimer ses forces morales et intellectuelles et ne peut plus être une
musique de salon linéaire ; elle doit sortir dans les vastes acquisitions
des formes de vie et de pensée de cette génération. La théorie et
le calcul des probabilités sont des instruments féconds qui ouvrent de
nouveaux horizons, non seulement dans la manipulation (technique), mais
aussi dans la conception … Certains passages seulement (de mes œuvres)
ne pouvaient trouver d'appui que dans les probabilités, dit-il ; mais, la
pensée n'est pas linéaire. Elle est fondamentalement globale et
massique". Architecte et compositeur, collaborateur de Le Corbusier,
la composition est, pour lui hors temps, architecturale, potentiellement
combinatoire et probabiliste, et permet de créer en temps, des évolutions
par des opérateurs stochastiques et des perturbations provenant de
l'environnement, dont la pondération est donnée par des lois de
distribution, et où la condition d'entrée d'un instant est fonction du résultat
de l'instant précédent. Le feedback est alors présent, dans des
architectures sonores complexes (Pithoprakta 1956, Achorripsis 1957,
Akrata, 1964, Polytope 1966).
- *
*
- *
- C'est
dans ce contexte que naîtront les premières recherches de l'auteur (Trans-combinaison
et représentation du cube dans la nième dimension, Patrick Saint-Jean,
1967) qui devient dans les années 70, le proche collaborateur de Iannis Xénakis,
et concevra pour lui le premier système interactif pour la composition
musicale et visuelle sur mini-ordinateur. Dès 1974, il enseignera aussi,
avec lui en DEA d'arts plastiques et sciences de l'art de l'Université
Panthéon - Sorbonne de Paris, la composition musicale et visuelle
formelle, mais avec une vision plus systémique. Ce système : l'UPIC,
Unité Polyagogique Informatique du Centre d'Étude Mathématique et
Automatique MUsicale (version Solar 16-40 de la Télémécanique avec
table à dessin numérique A0 Tektronics 4096, et menus interactifs
programmables, Centre National Étude en Télécommunication, 1976, développé
dans les années 80 sur micro-ordinateur) lui permit d'initier la notion
de feedback dans la recherche de l'intelligence artificielle sonore et
visuelle (Patrick Saint-Jean, diplôme d'ingénieur ESIEA, 1977).
-
- À
cette époque, l'auteur organisera également une conférence sur la télé-composition
musicale par ordinateur, avec le compositeur Pietro Grossy : une première
mondiale de composition musicale interactive à longue distance, entre
Issy-les-Moulineaux près de Paris et le Centre IBM de Pise en Italie
(CNET, CEMAMu, 1977). Le compositeur manipule sa console pour obtenir un
retour musicale propre à son esthétique, et à la grande satisfaction
d'un public étonné. Les boucles cybernétiques ne sont pas
qu'internes, mais un feedback humain intervient dans la finalité de l'œuvre.
-
- Au
GRM de l'ORTF (Groupe de Recherches Musicales de l'office de la
radio et de la télévision française), Pierre Schaeffer et Guy Reibel
dans le Traité des objets musicaux (sixième thème de réflexion, sixième
idée sur le timbre instrumental, dans le contexte des causalités, Édition
du Seuil, 1967) nous signalent : "Nous avons vu combien il est
parfois difficile de reconnaître un timbre instrumental, dès
qu'un son isolé est séparé de son contexte." Ce qui le conduisait
à conclure : "notre propos depuis quelques instants, s'évade du
domaine qu'il s'était assigné ; tant que nous comparions des bandes
passantes ou des dynamiques, éléments de l'objet physique, avec
la perception d'un timbre, éléments de l'objet musical, nous
poursuivions l'étude des corrélations entre musique et acoustique ;
mais, dès que nous faisons intervenir le contexte de causalité,
nous entrons dans la psychologie de l'audition proprement dite". Il
marquait ainsi l'importance de la perception de causalité dans
l'interprétation d'un son, en dehors de son contexte physique.
Ce qui en donnait toute sa complexité subjective dans son utilisation,
le différentiant de sa forme et de son type, objectifs dans sa prise de
conscience pour lui-même et en confrontation aux autres.
-
- De
son côté, ce sont des solutions révolutionnaires que propose Nicolas
Schöffer fervent de l'Art total, dans son livre le plus important :
"La ville Cybernétique" (1969, Édition Tchou, Paris).
Elles vont de la construction d'Universités verticales et de Centres de
loisirs sexuels, à celle d'ensembles conçus pour le repos ;
"Harmonisation des techniques les plus avancées et de l'univers
naturel, elles impliquent une réinvention totale de la ville ; en dénonçant
le droit à la ville, ce que nous avons perdu, : centre d'activité
et d'échanges, autrefois milieu où se crée la culture, elle
n'est plus aujourd'hui qu'asphyxie et névrose collective." ;
"La société ne subira plus son destin, elle le créera"
affirme-t-il (Projet de "La Tour Lumière Cybernétique de Paris",
Constitution de l'ensemble cybernétique, 1972, Édition Denoël, http://www.olats.org/schoffer/livlvc1.htm)
en expliquant : "L'explosion démographique a mis en évidence un phénomène
nouveau et grave dans la société occidentale : le nombre des médiocrisés
se multiplie à mesure que celui des humains augmente, bien que le
pourcentage entre l'élite et les médiocrisés reste le même ; Le terme
de médiocrisation ne doit pas être pris dans un sens péjoratif, mais
envisagé sous l'angle de l'évolution et de l'Histoire ; La médiocrisation,
c'est l'anomie, le manque d'information ; chaque individu, étant pourvu
de sens qui lui permettent de percevoir les phénomènes ambiants,
d'enregistrer des informations, de les mémoriser, d'exercer sa
combinatoire ; La médiocrité résulte d'un niveau d'information extrêmement
bas ; le fait d'empêcher les masses de s'informer, ou de leur fournir des
informations médiocres est une des causes de ce sous-développement
(L'avenir de l'homme, l'homme de l'avenir, Le processus de médiocrisation,
"La Ville Cybernétique", 1968)."
- *
*
- *
- Chez
un artiste, plus contemporain on retrouve toujours l'esprit cybernétique
des années 60, mais redimensionné par les nouvelles technologies
informatiques, avec les feedbacks de l'interactivité humaine. Par
exemple, AAASeed est un logiciel conçu, réalisé et mis en scène par
Emmanuel Berriet (http://www.lagraine.com/v2/fra/decors/central.html),
pour la création de monde 3D, temps réel et interactif, un outil de développement,
un légo "virtuel", un générateur d'images… Développé
depuis 1996 entièrement en C et C++, le logiciel est indépendant du système
d'exploitation… Le modèle conceptuel sur lequel est bâti AAASeed est
celui des vieux synthétiseurs de sons analogiques. C'est-à-dire des
blocs physiques et indépendants, encapsulant chacun une fonctionnalité
spécifique : clavier, oscillateur, filtre, modulateur en anneau, réverbération…
Le musicien connecte alors ces différents blocs à l'aide de câbles
standard, créant ainsi des processus plus complexes : deux
oscillateurs dont la sortie de l'un est connectée à l'entrée fréquence
de l'autre constituent un bloc de modulation de fréquence…
L'utilisation de blocs AAASeed, interconnectés de manière appropriée,
permet de construire virtuellement et en temps réel toutes
applications informatiques. Le champ d'application n'est limité que
par les fonctionnalités des blocs existants, et par la puissance des
machines hôtes.
-
- Un
besoin d'ergonomie en Génie Biologique et Médical
- Parallèlement
l'auteur concevait également, pour des besoins de recherche de
diagnostique automatique en analyse clinique, une console interactive et
son logiciel d'imagerie, pour l'analyse et la classification chromosomique
automatique et semi-automatique sur un système de mini-ordinateur (Multi
20 Intertechnique), pilotant un Automate Spécialisé dans le Traitement
d'Image (A.S.T.I., Service d'Electronique, CEA-Saclay), couplé par une
caméra sur microscope (Rapport d'Activité, Dpr, IPSN, CEA, CEN-FAR,
1977). Le système en boucle, était contrôlé par le pilotage
d'une chaîne de caractères, visualisée linéairement en bas d'écran et
codant, les traitements modulaires avec possibilité de feedback selon
l'analyse de l'environnement, sous forme d'une "partition
interactive avec reprise et da capo" comme protocole d'expérimentation.
-
- Un
besoin dans toutes les disciplines
- Dans
le monde scientifique, la Cybernétique est représentée par les
uns comme une révolution post-industrielle impliquant les
sciences "dures" (physique, mathématiques, électronique,
automatique, informatique), et les autres les sciences dites
"molles" pour les sciences humaines (psychologie,
sociologie, biologie, médecine) qui, ne se contentant pas de calculs
probabilistes, voulaient en savoir plus sur le comportement, le
processus, le phénomène et l'événement, où l'Homme est, ou se sent,
concerné (problématique de l'existence ou non de l'observateur et de
l'acteur humain). L'auteur, dans ces modèles relationnels de texturologie
prétopologique tentera d'introduire les sciences dites
"plastiques" (un peu comme pour les arts plastiques) où les
processus intègrent les relations subjectives objectivées, les réflexions,
à propriétés non transitives variables, qui fait que par
affaiblissement ou approximation et son contraire, il est possible de
passer d'un point de vue de science molle à celui d'une science dure, et
réciproquement.
-
- Dans
l'esprit de WIENER, par : "Science de contrôle et de la
communication chez l'animal, et dans les machines", la définition de
Cybernétique repose sur le raisonnement selon lequel, si l'on peut
construire des machines capables de montrer les mêmes comportements que
l'Homme, c'est que les principes mis en œuvre dans les deux cas sont
identiques ; et si l'on admet cette analogie, il est possible d'étudier
dans un même cadre tous les comportements finalisés, qu'ils soient le
fait de la matière inerte ou de la matière vivante. Certains cybernéticiens
affirment même qu'il n'est probablement aucun domaine de la pensée ou de
l'activité matérielle de l'Homme dont on puisse dire que la cybernétique
n'y aura pas, tôt ou tard, un rôle à jouer. Pour mieux faire admettre
cette affirmation, des biologistes et des ingénieurs de Bristol ont créé
très tôt des tortues mécaniques, assez complexes pour contourner les
obstacles ou se brancher d'elles-mêmes à des sources d'énergie ; ces
"Machines - Réflexes" ouvraient la voie, à la recherche de
"machines capables d'apprendre", c'est-à-dire "supérieures"
à leurs constructeurs. Ce passage de l'automatisation où la machine agit
en fonction d'ordres reçus, à l'automation où la machine agit en
fonction des objectifs choisis, précise les bases de la révolution
post-industrielle en cours, où les machines se contrôlent elles-mêmes.
Les tortues de Bristol ouvraient en même temps un champ immense aux
chercheurs de tous ordres. Même le cinéma, reflet d'une époque s'y est
intéressé : La Cybernétique ! C'est l'ordinateur qui éprouve des
sentiments humains, dans "2001 Odyssée de l'Espace" ; ce
sont les robots et androïdes, arrières petits-fils des Tortues de
Bristol, qui deviennent les héros de "La guerre des Étoiles" ;
c'est surtout une prise en compte par l'imaginaire des jeunes générations,
d'une évolution en cours, meilleure façon, peut-être, de la mesurer et
la dominer.
- Quand
il ouvre la cellule sur son environnement, retrace le cheminement du flux
d'énergie qui du soleil à l'homme, alimente la vie, Henri Laborit
(http://www.sdm.qc.ca/txtdoc/tbhlabor.html),
chirurgien puis chercheur en biologie et psychophysiologie, s'interroge
sur "La cybernétique et la machine humaine". L'intégration
des niveaux de complexité, l'interdépendance des structures et des
fonctions et la dynamique des interactions, introduisent une culture
naturelle des rétroactions et des évolutions. Les régulations
cybernétiques constituent un versant important, de l'approche d'Henri
Laborit. Avec Grey Walters, Ross Ashby, Pierre de Latil, Albert
Ducrocq, Louis Couffignal, et Sauvan, il participe à l'émergence de la
pensée cybernétique, et à son application à la biologie. Les notions
de systèmes ouverts et de niveaux d'organisation vont le faire distinguer
l'aspect thermodynamique, qui régule les réactions chimiques de l'ordre
des échanges de matière et d'énergie, de l'aspect informationnel ;
appuyant ainsi Norbert Wiener dans son affirmation, il confirme :
"L'information n'est qu'Information, elle n'est ni masse ni énergie",
et soulignant que les éléments atomiques sont les mêmes entre les
mondes vivant et inanimé, et que c'est leur information
(information-structure et information-circulante), étymologiquement leur
mise en forme qui est particulière ; elle représente quelque chose qui
fait, que le tout n'est pas seulement la somme des parties. Comme le dit,
dans son livre, Joël de Rosnay : "Henri Laborit, homme total et
libre dans l'univers fragmenté des disciplines, restera, en cette fin du
20-ème siècle, comme un pionnier de la pensée complexe, et
l'inspirateur d'un nouveau sens de la vie" (Un Hommage à Henri
Laborit, "Laborit : de la cybernétique à la systémique",
9 juin 1995, http://csiweb2.cite-sciences.fr/derosnay/articles/labo.htm).
- Pour
l'auteur, Henri Laborit est d'abord un voisin d'escalier, dans un HLM du
13-ième arrondissement de Paris. Simple et modeste, déjà connu pour ces
travaux dans les années 50, il intriguera l'auteur dans les années 60
(Les régulations métaboliques, Masson, 1965), et suscitera chez lui,
avec ceux de Monod et Jacob sur l'ADN, un éveil pour la biologie
"aussi complexe que les musiques formelles". Dans les années
80, au cours d'un entretien au bord du lac de Genève, ils
s'interrogeaient mutuellement sur le pourquoi "les systèmes
complexes et leurs modélisations ont encore tant de mal à se développer
et s'appliquer". Chaque décennie, l'informatique apportait régulièrement
ses espoirs et ses désillusions. Mais avec la microinformatique
interactive, cela devait être la bonne ! se disaient-ils.
-
- Langage
de commande et philosophie scientifique
- C'est
vrai en fait que les traductions françaises de Douglas Hofstadter
("Gödel, Escher, Bach : les brins d'une guirlande éternelle",
InterEditions, Paris, 1985, pour la version anglaise de 1979), et de Marvin
Minsky (La Société de l'Esprit, InterEditions, Paris, 1988, pour la
version anglaise de 1985) paraissent en France tardivement. Et l'on voit se
dessiner l'enchevêtrement des mouvements paradoxaux, bouclés et
interactifs, visant d'une part à mieux définir la complexité, pour
mieux comprendre la nature des choses et éviter les décisions sommaires,
par une approche langagière, à la fois langage de commande et
philosophie scientifique, très riche en observations et en expériences
de la complexité, conduisant à faire évoluer les automatismes réflexes
en régulation, puis les langages en règles et métarègles, les
protocoles en procédures, pour donner une intelligence artificielle
interne aux machines (et peut être inconsciemment à l'Homme). Et
d'autre part, à la simplification des modèles, certes pour raison de
calcul, mais également par un pouvoir institutionnel qui, développant à
merveille la topologie, structures universelles de classe et d'ordre
(Bourbaki, Laurent Schartz, chez Hermann, 1970), écroule les outils de
modélisation des systèmes complexes non connexes au profit des
statistiques plus globales qui permettent une interprétation causale plus
facile. Ce qui poussera, et confirmera l'auteur dans ses recherches d'un
autre ordre donnant droit à la différence, et à la ressemblance sans être
l'identique, le clone.
-
- En
imaginant "L'homme imaginant" (Essai de biologie politique,
Bourgeois, Paris, 1990, c1970), où il aborde les sujets les plus variés
concernant tant l'individu que la société, le spirituel que le matériel,
l'industrie que la recherche fondamentale, Henri Laborit affirme comme
essentielle, la notion du rôle déterminant de l'imagination à partir
des connaissances acquises.
-
- Dans
le dictionnaire de l'ASTI (Association Sciences et Technologies de
l'Information, Pierre Berger du Club de l'Hypermonde, et rédacteur d'ASTI-Hebdo
http://asti.asso.fr/pages/Hebdo/AHDico.htm),
nous constatons que dès 1959, comme l'indique une note de la Cogeter
(commission générale de terminologie, Délégation générale à la
langue française, Ministère de la Culture, http://www.culture.fr/culture/dglf/cogeter/16-03-99-internet.html,
en 2002), l'Académie des sciences décide que : "L'emploi du
terme "cybernétique" doit être limité à la science des mécanismes,
régulateurs et servomécanismes, tandis que "télétechnique"
comprendrait tout ce qui relève de la technique des télécommunications
et de la théorie de l'information". Une explication s'en suit :
"On pourrait interpréter ce désintérêt par le caractère
rationaliste, cartésien de la culture française : le modèle cybernétique,
avec sa boucle de rétroaction qui valorise l'erreur (donc le
"droit à l'erreur"), conviendrait mieux à la mentalité
empirique des Anglais ou au caractère des pionniers américains, qui
privilégie plutôt le "launch and learn" (se lancer ou déclencher
un événement, une expérience, et apprendre). La constitution française
de 1958 privilégie la compétence, au détriment de la délibération (Stéphane
Callens, Démocratie et télésurveilance, Septentrion 2002).". Mais
: "la Cogeter concède cependant que le préfixe "cyber"
peut se révéler utile dans certains cas. Ne serait-ce que pour son
caractère concret et évocateur ; il convient donc de le conserver
lorsqu'il s'est imposé dans l'usage, et, sans s'en interdire l'emploi, de
garder à l'esprit que d'autres choix peuvent être préférables. Il ne
faudrait pas en déduire que les concepts, mis en avant par Norbert
Wiener, aient suscité peu d'intérêt dans la patrie de Descartes. Bien
au contraire, mais, les Français préfèrent en traiter dans des
disciplines mieux délimitées, portant éventuellement des noms forgés
par eux-mêmes, comme informatique, systémique, ou plus mathématiques,
comme automatique et recherche opérationnelle". "Après des débats
parfois très vifs (années 1980 surtout), toutes ces disciplines sont
restées centrées sur leurs volets les plus techniques et formels, à
l'exception de la systémique. Cette dernière, d'abord appelée
"analyse de systèmes", a donné lieu à plusieurs congrès
et à de nombreuses publications à la fin des années 1970. Son volet
"système d'information", a débouché sur la création
de l'association Inforsid et, indirectement, sur l'élaboration en France
de la méthode d'analyse Merise". "Dans la même mouvance, un
autre vocable télématique, a été formé par Simon Nora et Alain Minc
pour leur rapport "L'informatisation de la société", demandé
par le président Giscard d'Estaing en 1976 (Publication Documentation
française 1978). D'orientation essentiellement pratique, il a débouché
sur la constitution en 1982, du premier véritable réseau
d'information grand public, le Télétel (plus connu sous le nom de
son terminal spécialisé, le Minitel), alors qu'Internet n'était encore
qu'un petit réseau destiné aux scientifiques."
-
- Cybernétique
et Systémique
- Robert
Vallée du comité de rédaction de la Revue de systémique de l'Afcet,
Professeur émérite de l'Université de Paris Nord, Directeur de World
organisation of "systems and cybernetics", fondateur en 1950
du "cercle d'études cybernétiques", a bien connu
Norbert Wiener, et traitera de la relation entre cybernétique et systémique
dans plusieurs ouvrages : "Systémique et Cybernétique, Cognition et
système - essai d'épistémo-praxéologie" (1995, coll. Système(s),
éd l'Interdisciplinaire, 69760 Limonest) et "La Cybernétique et
l'avenir de l'Homme" (Revue internationale de systémique, vol.
9, n°4, 1995, publié initialement en 1952) ; l'idée d'"un être
nouveau, recouvrant la planète" se retrouve dans des ouvrages de
Joel de Rosnay et notamment dans "l'homme symbiotique", 1995,
sous le nom de "cybionte" ; également "temps propre d'un
système dynamique, cas d'un système explosif-implosif" (Actes du 3ème
Congrès européen de systémique, Ed Kappa, Rome, 1996) ; "Descartes
et la cybernétique" (Alliage n°28, automne 96) ; "Origine et
évolution de la systémique", in "systémique, théorie et
applications" (Le Gallou et Bouchon-Meunier, Lavoisier, Paris 1992) ;
et "La caverne de Platon revisitée" (in "praxis et
cognition", Bernard -Weil et Tabary, L'Interdisciplinaire, Limonest,
1991).
-
- L'Afcet,
dans la Revue de systémique, (Vol 3, n°4, Dunod, 1989), a stabilisé
sa classification sur une intégration de la Cybernétique dans le
premier des deux groupes de stratégies de mathématisation systémique
(systémique-mathématique et mathématique-systémique) avec : "la
théorie de l'information, la théorie des automates, les réseaux
neuronaux, les relations arithmétiques et la théorie de la
reconstructibilité", définissant ce qu'apporte la systémique
aux mathématiques, et pour les différencier de : "la théorie
mathématique des systèmes, la théorie des catastrophes, les fractals,
le chaos, la théorie des ensembles flous, la théorie des catégories et
la théorie des jeux", caractérisant l'apport des mathématiques à
la systémique.
-
- Robert
Vallée fut membre du jury de la thèse de Docteur Es-Sciences de
l'Université de Paris-Nord (Biologie des Organismes, Biologie du Développement),
présentée par l'auteur, thèse intitulée : "Processus de
production et d'expérimentation biologiques, et médicales, par l'analyse
de texture prétopologique et la robotique de laboratoire",
soutenue le 30 janvier 1989.
-
- Là,
au laboratoire de Génie Biologique et Médical de cette Université,
l'auteur, alors chef de projet INSERM (Institut National de la Santé
et de la Recherche Médicale), concevra un système de culture
cellulaire et lancera en 1982 la robotique de laboratoire. À
partir d'un protocole clinique, mis sous forme d'un langage de
programmation cybernétique et systémique, un Apple II (8) pilote
automatiquement un système informatique composé d'un robot (1) chargé
d'une part, de l'entretien de culture cellulaire avec changement de milieu
nutricionel (3), dans une hotte à flux (4), avec étuve (2) régulée en
température, et d'autre part de l'observation visuelle et automatique sur
microscope avec platine motorisée (9) et caméra (7) ; deux processus
bouclés d'analyse d'image se déroulent en permanence : l'un pour la
survie et le développement des cellules (changement robotisé du milieu
de culture, minimisation des observations), et l'autre pour l'observation
du comportement et de la vie cellulaire ; pour se faire, l'Apple II inclut
dans son protocole des tâches commandées soit directement à un PDP
11/40 de DEC, soit par son intermédiaire à un Automate TAS de Leitz
(Texture Analyse System) ; les tâches du TAS (acquisition d'image à
partir de la caméra sur le microscope, pré-traitement d'image et envoi
au PDP) sont pré-cablées ou micro-programmée ; les tâches du PDP
(gestion automatique double flux des commandes entre Apple-PDP-TAS,
analyse de texture, reconnaissance de forme, diagnostique automatique, édition
de résultats documentaires) sont programmées ; si la reconnaissance de
forme est possible pour la segmentation, et la recherche de traits
pertinents, l'analyse de texture prétopologique informe sur la texture de
la cellule isolée au tissu cellulaire obtenu par croissance ; le
protocole sur l'Apple II décidera de l'action future à exécuter selon
les résultats obtenus jusqu'à l'arrêt, prévu ou automatique prévisible,
de la culture ayant durée plusieurs jours, puis de l'expérience (fin du
protocole par édition de son histoire).
- *
*
- *
- Dans
son étude sur ce qu'il appellera les textures prétopologiques et
l'approche systémique pour des besoins d'intelligence artificielle
sensori-motrice et visio-linguée, l'auteur considèrera la Cybernétique
comme sciences tant de la machine (servo-mécanisme) que de l'organisation,
et l'intégrera dans l'approche systémique des sciences sensorielles
de l'action créatrice en référence à Bergson, (L'Évolution créatrice,
la pensée et le mouvant, 1907) dont l'auteur passa volontairement sa thèse
un siècle après la sienne. Avec Deleuze et Guattari, prolongeant la pensée
Bergsonienne, avec une vision contemporaine systémique et cybernétique,
le virtuel joue alors le rôle du futur en rétroaction du présent
pour provoquer la création dans la trace historique du passé. Pour
l'auteur, cette rétroaction n'est pas négative ni soustractive mais différenciatrice
ajoute de la différence à l'identique, du contraste à l'intensité,
n'obligeant pas à un positivisme explosif en remplacement à une
platitude uniforme. Remontant l'histoire de l'approche systémique à Héraclite
et les pythagoriciens ayant déjà une conception globaliste du monde
: "Joignez ce qui est complet et ce qui ne l'est pas, ce qui concorde
et ce qui discorde, ce qui est en harmonie et ce qui est en désaccord
(500 ans avant Jésus-Christ).", l'auteur y associe également ses
contemporains : Von Bertalanffy ("théorie du système général",
1922, 1932, 1947, 1949), Fréchet (Théorie des écarts, 1921), Wiener (Cybernetics,
1948), Shannon (théorie mathématique de la communication, 1948),
Forrester (dynamique générale des systèmes, 1960), Manning
(introduction de la systémique dans un programme de gouvernement
canadien, 1967), et également Chomsky, de Saussure, J. Lesourne, J.L. Le
Moigne., E. Morin. L'auteur passera quelques moments passionnants, durant
l'été dans années 80, dans les bibliothèques du MIT à Boston, de
Berkeley à San Francisco et UCLA à Los Angeles, trop heureux d'y découvrir
un état de l'art en avance, mais toujours un peu déçu de voir les
recherches se borner à des modèles topologiques. Encore
actuellement, les mathématiciens ont du mal à gérer la notion de
proximité autrement que par celle de distance linéaire et d'intégration
uniforme. Pour l'auteur, ses recherches depuis 1967, le conduisent régulièrement
à confirmer ses idées, ses visions, ses expériences et observations
comme quoi la Nature est plus d'ordre prétopologique, et texturée
dans son approche systémique. Ainsi, le voisin de mon voisin n'est
pas forcément mon voisin et le principe topologique n'est qu'un cas
particulier pour les systèmes isolés connexes qui même globalitaire
redeviennent totalitaires par absence de la prise en compte de la variété
localitaire, détruisant ainsi le principe trilogique : local (matière),
total (information), global (énergie). La proximité est alors une
question de champs local d'action ou de perception, et l'intégration
celle de comptage d'éléments détectés par composition de relations liés
aux propriétés considérées. Les équations complexes dont les
coefficients sont des amplitudes quantiques, déterminent une trilogie
de fonctions d'onde texturantes caractéristique pour chaque ensemble
relationnel d'un ensemble englobant. Les opérateurs ne sont plus
uniformes, topologiques mais adaptatifs, prétopologiques. Toutes évolution
est alors modélisée par des processus prétoplogiques markoviens. La
micro-informatique, prenant le pas sur la mini, dans les années 80,
l'auteur concevra au Laboratoire de Psychophysiologie de la Vision (CNRS,
Université de Paris I, François Molnar, 1980), un système d'analyse
du mouvement des yeux (lunette infrarouge couplée à une électronique
d'amplification asymétrique, connectée à la couche de filtrage d'un
oscilloscope Tektronix, fournissant les coordonnées stables et normalisées
numérisées par un ITT 2020, compatible Apple II). Le logiciel de
visualisation fait apparaître les points de fixation et les chemins de
transition du mouvement des yeux dans l'observation d'une œuvre d'art et
détermine les coefficients d'un processus markovien de simulation du
regard. Parallèlement, l'auteur travailla également pour le CNES
(Centre National d'Études Spatiales, Numelec, Métaviseur, 1981) sur la réalisation
d'un automate de suivi de la trajectographie de la fusée Ariane :
deux radars envoient les informations temps réel à un processeur 128
bits, piloté par un micro-ordinateur Intel 8086 qui gère l'observation
de la position de la fusée entre les nominales de son ascension et déclenche
l'alerte en cas de disfonctionnement avec une commutation régulée d'un
système de cartographie dynamique en couleurs, pour définir et
visualiser le point de chute probable, aidant à la décision du contrôle
et processus de destruction ou de récupération.
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